Il y a un autiste dans ma classe !
10 astuces pour les enseignants

Lorsque l’on est enseignant, accueillir un enfant singulier dans sa classe n’est pas toujours évident. Quand on apprend qu’il s’agit d’autisme, cela peut même générer un facteur de stress et ça se comprend.

Autiste en classe

Difficile de savoir à l’avance ce que cela va réellement changer dans la façon de gérer le groupe classe, quel est le degré de difficulté de cet élève, ce qu’il va falloir mettre en place pour lui, quelle aide va nous être apportée. Bref, si l’on ne connaît pas bien l’autisme, on peut se demander comment on va relever ce challenge cette année !

Le B.A. BA c’est évidemment d’en savoir le plus possible sur l’enfant et de se renseigner sur l’autisme ou le syndrome d’Asperger. Si l’enfant ne se trouvait pas dans l’école l’an passé et que vous n’avez pas encore pu rencontrer ses parents, essayez de caler un entretien dans la première quinzaine qui suit la rentrée pour faire le point avec eux.

Cela vous permettra de leur expliquer comment se sont passés les premiers jours et de voir ensemble quels aménagements conviennent le mieux à votre élève.

Quoiqu’il en soit, pas d’affolement ! Avec ces dix recommandations, vous devriez passer une année extrêmement enrichissante et gratifiante.

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Un handicap invisible

Un trouble bien réel

Il se peut lorsque vous passerez vos premières journées avec votre élève autiste que vous vous disiez qu’il semble particulièrement sage. A la rentrée, comme tous les enfants, il peut être impressionné et vouloir être particulièrement respectueux des règles qui viennent d’être posées ensemble. Votre classe baigne encore dans le calme de la nouveauté et de la découverte. Le rythme y est structuré dans un environnement ordonné. Tout semble bien se dérouler et son comportement ne ressemble guère à l’idée véhiculée sur l’autisme. Mais ne vous y trompez pas, si votre élève a opté pour cette attitude dès les premiers jours, il y a de fortes chances que l’effet de décompensation dès le retour à la maison soit explosif… même si pour le moment vous ne percevez que des difficultés que vous avez déjà rencontrées chez d’autres élèves n’ayant pas d’autisme.

A contrario, vous pouvez avoir un jeune qui se trouve tout de suite perturbé par tous ces changements et qui peut d’emblée réagir de façon inappropriée, cela est souvent d’autant plus vrai que l’enfant est petit.

Une compensation fatigante

En primaire, un élève autiste a déjà généralement conscience de sa différence et de ses difficultés. Il arrive souvent mieux à compenser et à nourrir l’illusion que tout se passe bien afin de ne pas être stigmatisé.
Encore une fois, tout cela dépend bien évidemment de la personnalité de l’enfant, de ses capacités et de son âge. Certains élèves arrivent même à garder ce masque toute l’année durant au prix de terribles efforts.

Quoiqu’il en soit, ne vous fiez pas aux apparences. Cherchez à découvrir au maximum tous les domaines dans lesquels votre élève compense afin de pouvoir mieux l’accompagner. Avec les quelques outils dont nous allons parler, il gagnera en confort, en concentration, en confiance et ses apprentissages en seront facilités.

Désamorcer les troubles du comportement

Les troubles du comportement chez l’enfant autiste sont particulièrement désarmants car il arrive souvent que l’on n’en comprenne pas la cause. Quelqu’un de mal informé ou ignorant l’existence du syndrome autistique chez l’enfant qui manifeste subitement son malaise pourrait vite en conclure qu’il s’agit d’un caprice ou d’un défaut d’éducation.

Dans ce genre de cas, l’enfant est malencontreusement mal jugé et sa souffrance est bien réelle. En dénigrant son vécu on renforce alors son incompréhension du monde. Les troubles du comportement ne font pas parti des critères diagnostiques de l’autisme, ils ne sont majoritairement que la résultante d’un défaut de traitement de l’information environnante.

Les troubles sensoriels

En effet, la personne autiste est sujette à de nombreuses difficultés de régulation sensorielle.

Les bruits, le mouvement, les odeurs, le toucher, les textures, les couleurs, etc. ne sont pas toujours perçues correctement et peuvent créer un inconfort tel qu’il ne devient plus supportable.

En cas d’alerte incendie, prévenez l’enfant à l’avance. S’il ne supporte pas la sonnerie ou le bruit des néons, autorisez le port du casque réducteur de bruit ou de bouchons d’oreilles pour l’aider à ne pas paniquer où à se concentrer. S’il ne supporte pas une couleur, essayez au maximum de la retirer de son environnement et surtout de ses supports d’apprentissage.

Vous pouvez demander une liste des difficultés sensorielles déjà connues aux parents de votre élève. De simples mesures de prévention peuvent se montrer efficaces tout au long de l’année et éviter une surcharge sensorielle qui s’accumule tout au long de la journée.

La théorie de l’esprit

L’autre difficulté majeure peut venir d’une incompréhension. L’enfant autiste souffre de « cécité sociale », cette fameuse anomalie de la théorie de l’esprit. Il n’est pas capable de comprendre instinctivement la pensée, les croyances ou encore les intentions des personnes qui l’entourent.
Il traduit ce qui lui est dit de manière littérale et respecte parfois scrupuleusement une règle qui aura été mal comprise. Il peut aussi de ce fait passer à côté d’une blague, ce qui ne l’empêche pas d’apprécier l’humour. Évitez d’utiliser l’implicite et assurez-vous qu’il comprenne bien le sens des expressions courantes (comme « être dans la lune ») avant de les utiliser.

N’utilisez pas la double négation dans une même phrase.
Si votre élève « décroche », interpelez-le par son prénom pour (re)formuler une consigne et faites des phrases courtes.

Bref, reconsidérez l’information.

Les supports visuels : un indispensable

Anticipez

Les supports sont la base d’un accompagnement réussi avec les enfants de manière générale. Pour les enfants autistes, qu’ils soient verbaux ou non, ils s’avèrent indispensables. Ils apportent une structure qui leur permet de comprendre clairement ce qui est demandé. Ils peuvent également s’y référer à tout moment ce qui leur permet de gagner en autonomie et minimise l’imprévu.

Ne perdez jamais de vue que votre élève autiste est un petit détective qui cherche en permanence à comprendre le sens des phrases, les expressions faciales, les attitudes, le fonctionnement de ses camarades et de ce monde si étrange pour lui.

Ainsi, l’emploi du temps visuel de la journée va permettre à votre élève de comprendre ce qu’on attend de lui, de savoir comment se déroule son temps scolaire, à quel endroit les activités se réalisent et avec qui. Il pourra anticiper ce qui se passe après chaque nouvelle étape, se sentira rassuré et sera plus disposé à rentrer dans les apprentissages.

Vous trouverez tous les renseignements utiles concernant le planning visuel pour un enfant autiste dans le guide téléchargeable de ce blog.

Yes-Two

Pour une rentrée scolaire sereine et structurée, découvrez le pack complet de pictogrammes du site spécialement conçu pour l’école : les ILLICO’PICTO. Ce pack, accompagné d’une formation pratique, est l’outil idéal pour faciliter l’intégration et l’apprentissage de votre élève autiste, tout en bénéficiant à l’ensemble de la classe. Il permet la création de plannings personnalisables, de séquences visuelles et de scénarios sociaux qui transformeront votre salle de classe en un espace accueillant et compréhensible pour tous. Pour débuter cette transformation et en savoir plus sur les avantages de cet outil, cliquez ici.

Organisez

N’hésitez pas à utiliser « l’éducation structurée », comme le font beaucoup d’instituteurs aujourd’hui en maternelle et en primaire, par l’intermédiaire de tableaux de motivation. La fusée des responsabilités, les fleurs de comportements à colorier, les x qualités du super-héros sont autant d’idées originales et faciles à mettre en place pour toute la classe qui aideront énormément votre élève autiste sans le stigmatiser.

Un tableau des règles de la classe et des étiquettes sur chaque support (Bac à recyclage, Bac au travail en autonomie, etc.) sont également des repères qui faciliteront considérablement son année scolaire.

Réfléchissez aussi à sa place dans la classe en fonction de ses spécificités. Certains préfèrent le premier rang où ils arrivent à mieux se concentrer car de nombreux stimuli se trouvent derrière eux. D’autres au contraire, se sentent bien au fond de la classe ou sur un côté car ils se sentent moins envahis par leur environnement. Évitez au maximum les places avec trop de sollicitations auditives ou visuelles telles que la proximité de la porte ou des fenêtres.

Le maître-mot : structurez !

Un matériel adapté

Certes, repenser le matériel toute l’année demande un investissement supplémentaire important mais lorsque votre élève autiste est accompagné par un(e) AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) individuelle ou un(e) AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), elle/il va pouvoir plus facilement lister les difficultés récurrentes et vous aider à mettre en place des supports adaptés.

Elle/il pourra alors reformuler les consignes en les divisant par exemple en plusieurs étapes, réorienter sur la tâche, utiliser des routines visuelles afin d’aider votre élève à initier une nouvelle activité. Vous pourrez créer avec l’aide des parents de petites vignettes telles que « j’écris », « chut ! j’écoute », « je range ma trousse », « c’est mon tour de parole », « lecture », etc. qui aideront l’enfant à mieux se recentrer sur ce qui est attendu et à mieux s’adapter aux transitions entre chaque activité.

Beaucoup de personnes autistes ont également des difficultés au niveau de la motricité fine. Si l’écriture est trop coûteuse pour votre élève, n’hésitez pas à agrandir vos polycopiés à la photocopieuse. Il est également possible d’envisager l’utilisation d’un ordinateur en concertation avec les parents de votre élève qui en feront une demande auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH).

La généralisation

Il a réussi hier mais semble avoir tout oublié aujourd’hui !

Les personnes autistes ont de grosses difficultés de généralisation des connaissances et des apprentissages. Des difficultés de traitement de l’information sensorielle et de catégorisations (sémantiques, conceptuelles ou encore abstraites) peuvent amener par exemple l’enfant à s’attacher aux détails et à ne pas comprendre la globalité de ce qui est énoncé en fonction de son contexte.

Ainsi, il va considérer une tâche pourtant similaire à un acquis antérieur comme nouvelle. Il n’arrive pas à établir de lien et à réutiliser ce qu’il a appris. Ce problème d’identification et de représentation de concepts est fréquent et assez difficile à comprendre de l’extérieur.

C’est ainsi qu’il peut être inutile d’apprendre à un enfant autiste à faire du tricycle dans le but de le mettre ensuite facilement au vélo car l’apprentissage sera à reprendre entièrement (tenue du guidon et utilisation du pédalier incluses).

C’est évidemment un challenge supplémentaire pour le personnel éducatif comme pour les parents mais en avoir connaissance permet de trouver la compréhension et la patience nécessaire pour chaque nouvel enseignement. Ainsi, lorsque vous préparez sous une autre forme un apprentissage déjà travaillé pour votre classe, il y a toujours une possibilité que celui-ci soit à reprendre par le début pour votre élève autiste. N’en soyez pas surpris(e).

La gestion du temps

Le timer

La gestion du temps et de l’espace pose souvent problème aux autistes. En structurant le déroulement de la journée ainsi que l’environnement comme nous l’avons vu dans le 3ème point, vous devriez déjà beaucoup aider votre élève. Il existe cependant un petit outil magique qui permet aux personnes autistes de savoir mieux gérer les temps de moins d’une heure : le Timer.

Les personnes autistes sont incapables de mesurer correctement le temps qui passe. Une heure ou cinq minutes, c’est du pareil au même.

C’est pourquoi, si vous connaissez le temps d’une activité, n’hésitez pas à l’utiliser pour que votre élève puisse visualiser le temps qui lui reste pour travailler. Cela l’aidera à maintenir son attention dans la durée.

Anticiper les imprévus

Enfin, si vous débordez de quelques minutes sur votre cours après la sonnerie, votre élève (qui en raison de son trouble autistique peut avoir des difficultés à s’adapter aux situations nouvelles et a de ce fait besoin de repères fixes) risque de se trouver désorienté face au changement et de ne pas se sentir bien. Comme ce petit imprévu temporel peut arriver assez facilement, expliquez dès le 1er jour que la sortie se fait dans les quelques minutes qui suivent la sonnerie. Si une action est encore en cours et qu’elle ne peut être repoussée (noter les devoirs dans l’agenda par exemple), dites à votre classe que tout le monde prendra quelques minutes supplémentaires pour la terminer.

Donnez des repères.

Les activités sportives

Les enfants autistes ont bien souvent une maladresse motrice. Ils peuvent avoir une posture un peu raide, des problèmes d’hypotonie ou encore avoir du mal à maîtriser leurs gestes. Dans ce cas, encouragez la pratique sportive avec discernement et ne cherchez pas à impliquer votre élève lors des activités de compétition. Leurs difficultés sensorielles peuvent aussi les empêcher de participer pleinement à certaines activités (contact avec l’eau, port de certains vêtements, etc.), si vous avez un doute, n’hésitez pas à questionner les parents de votre élève.

Tenez également compte des difficultés de votre élève à comprendre les règles parfois implicites d’un jeu. Arrangez-vous pour que son implication sportive ne place pas systématiquement son équipe perdante.

Enfin, ne diminuez pas les activités sportives de votre élève autiste pour autant (sauf contre-indication médicale), elles ont l’avantage d’être un bon moyen d’évacuer le trop plein de stimulations parasites et surtout de favoriser la concentration.

Participation sans compétition !

Une classe en trait d’union

Un temps de sensibilisation

En début d’année, parlez de la différence avec votre classe. Si votre élève autiste est suffisamment grand et s’en sent l’envie et la capacité, proposez à ses parents de l’aider à réaliser un petit exposé sur l’autisme.

Si cela le dérange vous pouvez aussi aborder ce sujet un jour où votre élève autiste est absent. Cela permet souvent aux autres élèves de poser des questions qu’ils n’auraient pas osé formuler en sa présence et ça peut être très enrichissant et constructif pour tout le monde.

Ne mentionnez pas l’autisme d’un élève sans son accord. Si l’enfant ou sa famille ne souhaite pas que cette information soit « dévoilée » aux autres élèves. Vous pouvez faire un atelier de parole pour parler simplement de la différence et/ou de l’autisme et de l’intérêt de s’accepter et de s’aider les uns les autres.

Des vidéos comme support

Il existe des nombreux livres et vidéos qui peuvent vous servir de support.

« Mon ami Tom », la vidéo réalisée par l’association Autistes Sans Frontières Vendée en est un très bel exemple.

Ou encore le film d’Alex Amelines « Créer des choses merveilleuses ».

Vous trouverez également sur ce blog, les vidéos très réussies d’Adrien Honnons traitant de l’hyperactivité, de la dyspraxie, de la dyslexie ou encore de la dysphasie.

Pour les petits autistes non verbaux, il existe ce magnifique court-métrage déjà bien connu de Frédéric Philibert « Mon petit frère de la lune ».

Le tutorat

Profitez-en pour impliquer vos élèves. Si votre élève autiste est sans AVS/AESH. Mettez en place un « tutorat ». Choisissez des élèves autonomes, responsables et suffisamment à l’aise pour se relayer auprès de votre élève lorsque vous en aurez besoin.

→ S’il y a des déplacements entre les cours pour changer de classe, désignez certains élèves comme responsables des déplacements afin que votre élève autiste ne se perdre pas dans les couloirs, particulièrement lors de l’entrée au collège ou de son arrivée dans un nouvel établissement.

→ Lorsqu’une consigne présente des difficultés, si vous avez des petits élèves pédagogues et aimant rendre service, arrangez-vous pour qu’ils viennent expliquer l’exercice à leur camarade.

Si vous avez des enfants précoces ou à haut potentiel, voilà pour eux un bon moyen de mettre leur empathie naturelle, leur temps d’avance et leur perspicacité à bonne épreuve. Le fonctionnement de ces jeunes élèves se concilie généralement étonnement bien à celui des enfants porteurs d’un trouble autistique.

Misez dans tous les cas sur des profils d’élèves droits, souples et patients.

N’hésitez pas à expliquer, et je consacrerai mon prochain article à ce sujet, comment vos élèves peuvent aider leur camarade à jouer avec eux. En quelles circonstances ils peuvent venir vous voir s’il leur semble que leur camarade autiste est en difficulté.

Mettez votre jeune autiste en valeur dès que la situation s’y prête.

Bref, faites de l’intégration un bel outil de rencontres et d’échange.

Apprendre et compenser

En même temps…

Être autiste et aller à l’école, c’est faire un double travail en permanence. Pour ceux qui ont de gros troubles sensoriels, cela va même parfois au-delà. Votre élève doit certes apprendre ce que vous lui enseignez mais il doit également comprendre les codes sociaux, les non-dits, les sous-entendus ; supporter les bruits parasites, les lumières, et toutes ces sollicitations que son cerveau ne filtre pas correctement et qui l’empêchent de se concentrer.

Votre élève n’est pas plus fatigable qu’un autre, il est extrêmement exposé. Par conséquent sa fatigue est équivalente à ce qu’il vit. C’est bien souvent un bon curseur pour savoir s’il convient ou non de lever un peu le pied !

Un emploi du temps chargé

Être autiste et aller à l’école, c’est faire un double travail en permanence. Pour ceux qui ont de gros troubles sensoriels, cela va même parfois au-delà. Votre élève doit certes apprendre ce que vous lui enseignez mais il doit également comprendre les codes sociaux, les non-dits, les sous-entendus ; supporter les bruits parasites, les lumières, et toutes ces sollicitations que son cerveau ne filtre pas correctement et qui l’empêchent de se concentrer.

Votre élève n’est pas plus fatigable qu’un autre, il est extrêmement exposé. Par conséquent sa fatigue est équivalente à ce qu’il vit. C’est bien souvent un bon curseur pour savoir s’il convient ou non de lever un peu le pied !

En général, un enfant autiste donne tout à l’école et nombreux sont ceux qui rentrent à la maison exténués. La plupart du temps, ces enfants ont également des prises en charge médicales ou paramédicales multiples (parfois assez loin) et jonglent avec un emploi du temps de ministre.

Si vous le pouvez, allégez les exercices. Les élèves de votre classe ont trois exercices pour comprendre un nouvel apprentissage. Donnez-en peut-être deux à votre petit autiste s’il est un peu plus lent que les autres.

En primaire, limitez les devoirs du soir à des exercices simples tels que les poésies ou la relecture des leçons. Au collège ou au lycée divisez-les d’un tiers dès que cela est possible.

Pour une progression en douceur, allégez !

Un sas de décompression

Les billets de pause

Il arrive souvent que les enfants autistes ne sachent pas ni quand ni comment demander de l’aide. Parfois parce qu’ils ne comprennent pas qu’ils sont utilisés par leurs camarades, d’autres fois parce qu’ils ont peur d’être stigmatisés, parfois encore parce qu’on ne leur a tout simplement pas appris.

Comme nous venons de le voir précédemment, un élève autiste est soumis en milieu scolaire à un environnement « hors-zone-de-confort » qui l’oblige constamment à compenser cette surcharge sensorielle et à se transformer en conquérant de l’adaptation sociale… Tout en étant assez mal armé.

Il est fort probable que certains jours, votre élève ne soit pas réceptif aux apprentissages. C’est certainement qu’il a besoin de faire une pause. Il est judicieux de convenir avec lui, ses parents, la direction, son AVS, en début d’année, d’un code qui lui permettrait de sortir souffler ou de s’isoler discrètement dans un endroit prévu à cet effet (bibliothèque, salle annexe, etc.)

Il peut par exemple mettre un objet visible sur son bureau ou utiliser un billet de pause qu’il peut montrer à son AVS. Ce signal lui permettra d’avoir l’autorisation de sortir.

En général, les élèves autistes n’abusent pas de ce privilège. Tout d’abord, parce que ça peut sembler stigmatisant. Ensuite, parce qu’ils sont très respectueux des règles et savent qu’ils bénéficient de cet avantage à titre personnel. Si vous sentez qu’il en a besoin mais qu’il n’ose pas s’isoler, il ne faut pas hésiter à le prendre à part et à lui réexpliquer que ses besoins sont différents, que ce n’est pas une faveur mais une réelle compréhension de son fonctionnement.

Enfin si vous sentez que malgré la pause, votre élève n’arrive toujours pas à se mobiliser sur son travail, appuyez-vous sur ses intérêts spécifiques. Cela ne fonctionne toujours pas ? N’insistez pas, c’est un jour sans, il travaillera mieux demain !

Vous voilà paré(e) pour attaquer cette nouvelle rentrée !

Pour aller plus loin…

Si vous avez toujours quelques appréhensions, sachez que les enfants autistes sont souvent très droits, loyaux et persévérants. Ce sont des atouts qui vous aideront tous les deux.

Si vous cherchez un guide sur l’intervention pédagogique en milieu scolaire des élèves Asperger, cliquez ici. Et pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, vous pouvez consulter le formidable travail de Sophie Robert qui a réalisé quatre programmes vidéo pédagogiques « Enfants autistes bienvenue à l’école » directement consultables en ligne dédiés à l’inclusion scolaire des enfants autistes.

Si vous avez des questions, si vous voulez laisser des commentaires ou si vous souhaitez partager votre expérience, surtout faites-en profiter tout le monde juste en dessous !

Pour une sensibilisation à l’autisme en classe, voici le 2ème volet : « Il y a un autiste dans ma classe ! 10 astuces pour les copains »  😉

24 réflexions sur “Il y a un autiste dans ma classe ! 10 astuces pour les enseignants”

  1. Ouhaou super fourni ton article, bravo !! Quel boulot ! J’espère que ça pourra aider les profs et les bouts de chou pour que tout le monde soit heureux (oui vive les bisounours <3).
    Bises à toi 🙂

  2. Chacun a sa manière de préparer une rencontre. Si on se pose mille et une question avant cette rencontre, c’est peut être qu’on y accorde un certain intérêt voire même une grande importance. Il importe d’être authentique avec tout ce que cela implique d’imperfections, de doutes, de questionnements, mais surtout humanité. Il s’agit aussi de se laisser affecter et de prendre ses enfants par la main pour cheminer ensemble.

  3. En un mot : merci. Documents clairs et attrayants qui me font découvrir un univers que je ne connais pas du tout mais que je peux être amenée à rencontrer étant enseignante.

  4. Merci pour ces conseils.
    Je vais recevoir dans ma classe de grande section un petit garçon autiste. Il ne sera pas accompagné d’une avs car ils n’arrivent pas à recruter dans mon departement… vos conseils me seront très précieux.

    1. Merci. J’espère qu’ils vous seront utiles. En l’absence d’AVS, n’hésitez pas à structurer au maximum (planning et séquences visuels) afin que votre élève gagne doucement en autonomie et qu’il soit rassuré par la prévisibilité. Bon courage pour cette rentrée à venir avec ce petit As !

  5. Bonjour, vous proposez tout un tas de pistes, mais vous ne répondez pas à LA question: comment on gère l’élève qui crie sans raison dans la classe… Et qui dérange tout le monde.

    En prenant en compte que ses propres parents en n’ayant qu’elle pendant 2 semaines de vacances dit elle même trouver cela insupportable et ne pas savoir quoi faire.

    Comment expliquer aux parents des autres élèves que si leur enfant est dérangé pour apprendre à lire, ce n’est pas grave, c’est en tout cas moins important que d’inclure cette élève dans un CP à 28… Comportant bien entendu d’autres élèves perturbateurs (dont 3 handicapés et un élève avec un dossier ITEP qui devient facilement agressif…)

    Ce genre de guide essais juste de convaincre les parents que cela peut bien se passer, c’est simplement faux.

    La directrice de mon école qui s’est retrouvé seule avec elle dans le bureau pendant 15 minutes (durant une de ses journées de décharge) n’en pouvait déjà plus de ses cris…

    Je suis pour ma part scandalisé de voir ce genre d’article qui tente de convaincre les parents que si cela se passe mal à l’école, c’est parce que l’enseignant fait mal son travail.

    Allez vous plaindre ensuite que le classement PISA nous montre sous un mauvais jour.

    1. Bonjour,
      Je comprends votre désarroi et votre colère. On peut difficilement accepter de travailler dans de telles conditions.

      Le problème ce n’est malheureusement ni les enseignants, ni les parents et encore moins les élèves mais bien les moyens qui sont mis à disposition dans les écoles pour aider les enfants à besoins particuliers dans des classes aux effectifs déjà surchargés.
      Cet article propose des astuces et ne répond pas à toutes les questions, ce serait bien évidemment impossible. Chaque problématique mérite plusieurs heures d’enseignement spécifique et chaque solution est inhérente au profil particulier de l’enfant en difficulté.

      Pour aider cette petite fille et tout son entourage, il faudrait qu’une supervision soit proposée à la maison ainsi qu’à l’école afin de définir ce qui la perturbe. Les troubles du comportement s’évaluent.
      Un enfant qui crie dans tous ses lieux de vie ne le fait jamais sans raison. Il peut même y en avoir plusieurs. Ce qui le gêne, ce qui lui fait peur, ce qu’il y gagne (par exemple l’isolement …qui pourrait lui permettre de ne plus être soumis à un brouhaha permanent insupportable si il souffre d’une hyperacousie), etc. Par contre, il peut être effectivement difficile d’en comprendre la cause lorsque notre fonctionnement n’est pas le même que celui de cet enfant.

      Oui, il existe des situations critiques où l’inclusion se passe mal. Faute de moyens, faute de formations, faute de prises en charge. Les parents partagent également ce sentiment d’impuissance face à un manque d’aides indiscutable.
      Il existe aussi de belles histoires et belles reconversions lorsque certains professionnels rencontrent des enfants autistes. Il existe également des inclusions en milieu scolaire formidablement bien réussies.

      J’admire personnellement le travail des enseignants. C’est un métier qui est devenu de plus en plus difficile de nos jours. Cet article à été pensé dans le but de fournir des pistes et des clés à un corps professionnel en manque d’outils et d’informations. Le sujet de l’autisme est complexe, c’est évident. L’intention ici est bien de sensibiliser et d’aider les enseignants à dépasser leurs appréhensions face à une problématique qui dépasse la plupart d’entre nous.

    2. Je suis avs et m’occupe d’un autiste de 4 ans… il fait effectivement des crises ..se met à crier.. ne peut pas rester longtemps dans une activité … ne supporte pas la contrainte… et aussi lorsqu’il faut attendre dans les rangs… pour sortir ..pour prendre son tour… il ne peut pas du tout: il se met à crier se jette à terre ..semble très mal à l’aise..en souffrance ! !je cherche aussi des solutions pratiques pour tous ces moments de stress et j’ai bien du mal ! Néanmoins j’essaie des astuces.. je tâtonne espérant trouver un début de solution pour que l’enfant s’adapté le mieux à son environnement scolaire !

      1. Bonjour Michele,
        Bravo pour votre engagement 🙂 Quelles informations avez-vous obtenues concernant cet enfant (profil sensoriel, cognitif, phobies, appréhension de l’environnement, etc.) ? Cet élève bénéficie t-il d’un suivi extérieur ? Le cas échéant, l’école est-elle en lien avec l’équipe pluridisciplinaire ? Lorsque l’inclusion génère des troubles du comportement (votre élève ne comprend peut-être pas ce qui est attendu de lui dans le contexte scolaire), il ne faut pas hésiter à demander la possibilité de rentrer en contact avec les professionnels qui suivent cet enfant. Une meilleure visibilité sur ses difficultés et des outils pédagogiques adaptés à son profil (fiches de guidance, emploi du temps visuel, espace de récupération, etc.) peuvent vous être proposés pour aider tout le monde à vivre une scolarité plus sereine. Gardez courage 😉

        1. Bonjour.. et merci beaucoup d’avoir pris du temps pour me répondre et merci pour vos encouragements ça fait sincèrement plaisir !
          Oui mon petit autiste de 4 ans est suivi par une orthophoniste ..psychologue , spécialiste du comportement. ..ce sont les seules infos que je connais sur lui ..
          Mes autres questions au sein du corps enseignant restent dans un grand flou! Pas de réponse précise … tout est très évasif. ..
          Mais j’ai eu la visite de sa psy à l’école qui m’a beaucoup aidée et m’a donné pas mal d’astuces…résultat : de grands progrès de la part de mon ptit Yoan il commence à nous regarder… fait des efforts de communication..arrive à patienter un tout ptit peu … fait moins de crises… nous nous entendons très bien et la maîtresse ravie, se montre aussi plus patiente et moins autoritaire envers lui ( cela ne lui allait pas du tout).. j’ai beaucoup d’espoir..il devient de plus en plus autonome .. et aussi ses relations avec les autres enfants se tissent de façon bienveillante…
          Merci à vous pour tout ce que vous faites pour tous ces enfants
          Bien à vous !

  6. Bonjour et merci beaucoup d’avoir pris du temps pour me répondre ! Merci aussi pour vos encouragements ! Ça fait sincèrement plaisir!

  7. Bonjour, je m’occupe depuis quelques jours d’une petite autiste qui arrive dans une nouvelle école, une nouvelle classe et une nouvelle avs. Je m’occupe d’Oriana l’après midi, sachant que le matin, elle a été en hôpital de jour. Dés qu’elle voit une porte, elle essaye de l’ouvrir ou si celle-ci est ouverte, elle se sauve. Je la rattrape et lui dit que non il ne faut pas partir mais le lendemain, elle a recommencé. Elle ne tient pas en place. Elle me regarde et rigole mais je ne sais pas si elle le fait pour jouer, pour attirer mon attention, comment faire pour la calmer. Je me renseigne pour pouvoir aider cette petite fille.Pour moi, c’est tout nouveau, je m’occupe d’un jeune sourd profond de 23 ans et d’un jeune avec des troubles du comportement de 17 ans. Donc pour moi, grand changement. J’espère que vous pourrez me donner des petites pistes pour arriver à attirer son attention.

    1. Bonjour,
      Il est très difficile de vous répondre concernant cette petite fille car chaque enfant a un profil qui lui est propre. Êtes-vous en relation avec l’équipe qui la suit en hôpital de jour ? Ils seront plus à même de vous répondre correctement et de vous renseigner sur les besoins spécifiques d’Oriana. Un enfant qui fuit sa salle de classe peut être gêné par le bruit ou par les mouvements. Il peut également être perturbé par les sollicitations sociales ou les demandes qu’il n’a peut-être pas correctement comprises. Lorsque cette petite fille vous regarde et rigole, est-ce toujours lié à un événement particulier, un comportement ou une attitude que vous auriez eu ? Même un simple froncement de sourcil ou une expression particulière peut provoquer ce genre de réaction. Quelle âge a votre élève ? Est-elle verbale ou non-verbale ? Qu’utilise t-elle comme moyen de communication ? Quels sont les outils qui ont été mis à sa disposition en classe ? N’hésitez pas à échanger avec la famille et à contacter l’équipe qui la suit pour recueillir toutes les informations qui pourraient vous aider et connaître les stratégies déjà appliquées en hôpital et à la maison. Bonne fin d’année scolaire et n’hésitez pas à nous donner des nouvelles 🙂

  8. Bonjour Mignon. .. je m’occupe aussi d’un autiste depuis février et j’avoue qu’au début j étais perdue… mais je veux bien te livrer un peu de « mon expérience  » …en sachant que peut-être ce que je te dirai ne conviendra pas peut être à ton cas …

    1. Alors … pour communiquer avec lui j’ai commencé à prendre un objet ds la classe genre petit bonhomme ou ptite voiture ou même crayon ..ce que tu as sous la main… et je lui parlais par l’intermédiaire de cet objet sans regarder l’enfant… un peu comme les jeux des petits ..qd ils jouent avec des ptits bonhomme ! Ça donnait un genre comme ça :  » bonjour yoyo… ( dire le prénom de l’enfant!) Je suis Michèle. .. ça va ? Smak smak ! Je fais le bruit du bisou…
      Alors je fais claquer le crayon sur la table comme si il avançait à petits pas et je fais faire un bisou a mon crayon sur sa main ou son visage ça dépend sa réaction ….
      Hou tu n’aimes pas cette porte……je mime … bouh … mais ne crains rien je suis là pour te protéger… allez viens on s’en va promener… tatati la la et je fais la ptite enfant contente dans le parc et ainsi de suite…

      Bon je ne sais pas si c’est bien … mais mon ptit autiste sourit et me redemande ces histoires TRÈS courtes et j’avoue un peu simple mais au moins un lien se crée… il prend un objet et m’imite par moment … je comprends qu’il veut que je recommence… j’en profite pour passer des messages : genre si il faut ranger des legos je prends chaque pièce et je la fais cheminer en jouant toujours vers le bac en disant … allez on va dans la piscine et plouf et je fais le lego qui plonge ds la boîte à legos. ….. et je dis à toi ! Alors il m’imite … on fait chacun son tour !..
      Je le prends parfois sur les genoux et je lui raconte un livre mais les mots sont simples…et ce doit être assez rapide… car parfois il se lasse … les jeux de société à deux ..ça fonctionne bien … mais assez simples aussi … je colorie avec lui aussi ..en fait je l’imite et je rajoute un ptit truc a moi … je colorie de la même façon que lui et puis je rajoute un smiley ou un bonhomme… souvent il gribouille dessus ou le colorie…
      Je fais un jeu pour les feutres : »allez on rentre à la maison … puis je fais un feutre qui avance sur la table et se range dans la trousse ou le pot de feutres … et je lui tends un feutre pour qu’il fasse pareil.. à toi ..il m’imite …. et on range tous les feutres ainsi…
      Voilà. .. j’espère t’avoir aidé. .. n’hésite pas si tu as besoin… et sois patiente ..le lien va se créer… j’en suis sûre. .vu que tu es motivée pour bien faire avec elle …tu vas trouver… c’est sûr bon courage!

  9. Bonjour. Quel bonheur d’avoir trouvé exactement ce que je cherchais pour pouvoir expliquer les problemes de mon fils. Par contre je ne trouve aucun lien pour telecharger en pdf. J’ai vu qu’il y en avait un pour l’autre article concernant les copains c’est pourquoi j’ose demander si cela est possible? J’apprecie enormement le travail que vous avez fait en redigant cet article et je ne veux pas paraitre ingrate, c’est juste que j’aimerais pouvoir l’imprimer pour faciliter la communication avec l’enseignante et l’avs a la rentree car a chaque rentree je me trouve dans l’incapacite de bien pouvoir expliquer comment mon fils fonctionne , bien que je commence moimeme a comprendre les comments intuitivement en etant un peu dans le flou pour les pourquois. Donc votre explication serait plus que precieuse. Merci d’avance ! / Sara, maman d’un garcon Ted de 8 ans

  10. Bonjour et merci pour ces articles. J’aurai juste une remarque, ne pas categoriser d’Asperger tous les autistes, le syndrome Asperger ne reflète qu’un tout petit pourcentage des personnes autistes. Vous auriez pu également différencier les autistes ayant une déficience mentale des autres dont les troubles sont essentiellement lies aux relations cognitives. La definition de l’autisme est tellement vague qu’il est important de bien diagnostiquer l’enfant avant de pouvoir l’accompagner et l’aider.

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