Le trouble de l’intégration sensorielle (TIS) est un trouble neurologique qui se manifeste par un désordre du traitement de l’information sensorielle au niveau du système nerveux central. Le cerveau capte TROP d’informations sensorielles (hypersensibilité) ou TROP PEU d’informations sensorielles (hyposensibilité). La présence d’une hypo et hyper sensibilité peut coexister : par exemple une hyperacousie (ouïe) et une hyposensibilé tactile.
Les stimuli n’étant pas reçus correctement, ils deviennent une gêne qui peut devenir extrêmement envahissante (voire dangereuse en cas d’absence de sensation) pour la personne qui la subit.
Ce trouble affecte les personnes avec autisme mais également celles ayant un TDAH ou des troubles des apprentissages. Il semblerait qu’il se manifeste également chez les personnes précoces qui souffrent souvent d’hyperesthésie. Il peut plus rarement apparaître de manière isolée.
Ces perturbations peuvent transformer des activités quotidiennes en défis majeurs, impactant non seulement les comportements, mais aussi la coordination et les capacités d’apprentissage.
C’est la raison pour laquelle il est très important, lorsque qu’un enfant présente ces symptômes, de bien se renseigner sur le trouble de l’intégration sensorielle et de se demander lorsqu’un trouble du comportement surgit, s’il n’est pas en relation avec une difficulté sensorielle.
Chez les enfants avec un trouble de l’intégration sensorielle, la perception du monde peut être chaotique et imprévisible. Des difficultés dans la gestion des stimuli sensoriels peuvent mener à des comportements d’évitement ou à des crises, rendant les interactions sociales et les activités scolaires particulièrement éprouvantes.
Des tâches simples comme se brosser les dents, s’habiller, manger, écrire, pédaler, jouer ou encore être porté, peuvent devenir des obstacles importants, nécessitant un soutien et une compréhension spécifiques.
Les familles de ces enfants font face à des défis uniques, notamment en termes de communication et de gestion des comportements.
Le besoin de trouver un soutien adéquat et de collaborer avec les établissements scolaires peut être une source de stress supplémentaire pour les parents. Cependant, une compréhension approfondie du trouble et des stratégies adaptées peuvent grandement améliorer la qualité de vie de l’enfant et de sa famille.
Il existe des psychomotriciens qui pratiquent des bilans sensoriels ou sensori-moteurs et qui peuvent établir une sorte de cartographie des domaines dans lesquels votre enfant est plus ou moins pénalisé. Des techniques vous seront alors proposées afin d’aider votre enfant à retrouver une zone de confort plus acceptable.
Un suivi avec un ergothérapeute ou un psychomotricien peut apporter un aide conséquente.
Mon fils, suivi pendant plusieurs années, a fait d’énormes progrès dans tous les domaines et plus spécifiquement dans celui de l’écriture qui représentait une difficulté majeure en raison de problèmes praxiques et de tonicité musculaire.
Pour ma fille, qui souffre principalement d’une hypersensibilité tactile, le protocole de Wilbarger a été mis en place quotidiennement après que nous ayons été formés par son ergothérapeute. Cette technique, dont je parle dans cet article, ne prend que quelques minutes chaque matin et aide à mieux supporter les vêtements.
Il est essentiel d’aborder les difficultés sensorielles rencontrées par son enfant auprès des personnes qui l’entourent même si cela reste compliqué car très peu connu. Quand il s’agit d’un enfant avec un TSA c’est souvent assez bien accepté. Quand le TIS est isolé, c’est évidemment plus compliqué, même si l’on explique qu’un bilan a été posé. Pour ma fille, je vois souvent le personnel encadrant ouvrir des yeux grands comme des soucoupes à chaque rentrée scolaire mais au final, je vois bien que tout le monde se montre plus attentif et compréhensif et surtout cela permet de faire des réajustements qui sont mieux acceptés lorsqu’un souci survient en cours d’année.
La sensibilisation et l’adaptation de l’environnement scolaire et familial sont essentielles pour permettre à l’enfant de s’épanouir malgré les défis du trouble de l’intégration sensorielle.
Pour approfondir votre compréhension du trouble de l’intégration sensorielle, je recommande un excellent document en français : « Comprendre l’intégration sensorielle » réalisé par l’IRDPQ.
Par ailleurs, un magnifique film d’animation réalisé en rotoscopie par Miguel Jiron (2mn15) nous donne une idée du vécu ressenti par les personnes avec une hypersensibilité sensorielle. Il met surtout l’accent sur les problèmes d’hyperacousie mais il n’en reste pas moins très parlant.
Dans son livre, Les enfants atteints de troubles multiples, Martin L. Kutscher offre de nombreuses idées de jeux et exercices pour aider son enfant à reconnaître et intégrer ses perceptions sensorielles. Il indique également « les troubles de l’intégration sensorielle s’atténuent parfois avec le temps, mais ne disparaissent pas complétement. L’enfant apprend à compenser ses difficultés en grandissant, mais il risque quand-même d’éprouver certaines difficultés en accomplissant les tâches de la vie quotidienne ».
Pour illustrer ce propos, j’ai pu constater que l’hypersensibilité au bruit et à la lumière de mon fils se sont beaucoup atténuées avec le temps. Son hyposensorialité un peu moins.
De son côté ma fille, adolescente, a toujours une hyperacousie relativement importante. En revanche son hypersensibilité tactile, diagnostiquée à 16 mois à connu son pic d’intensité entre 3 et 8 ans avec un point culminant à 5-6 ans. Elle a commencé à pouvoir superposer les vêtements sans difficultés majeures vers ses 11 ans.
Reconnaître et comprendre le trouble de l’intégration sensorielle est la première étape pour aider efficacement ces enfants. Avec les bonnes stratégies et un environnement adapté, ils peuvent non seulement s’adapter aux défis du quotidien, mais aussi s’épanouir pleinement.
