Autisme & harcèlement scolaire :
comprendre, agir et protéger

La rentrée scolaire, un moment qui devrait être rempli d’excitation et de nouvelles découvertes, peut parfois devenir une période d’anxiété et d’appréhension, surtout pour les enfants autistes et leurs familles. Parmi les défis à relever, le harcèlement scolaire se dresse comme une problématique majeure, nécessitant une attention particulière et des actions ciblées.

Autisme & harcèlement scolaire

Comprendre le harcèlement scolaire

Le harcèlement scolaire, qu’est ce que c’est ?

Le harcèlement scolaire est une forme d’abus répétitif, où un enfant ou un groupe d’enfants ciblent un pair, souvent perçu comme plus vulnérable. Il se manifeste sous diverses formes : moqueries, exclusion sociale, agressions physiques ou verbales, et, à l’ère du numérique, cyberharcèlement.

Pour les enfants autistes, les défis liés au harcèlement sont souvent amplifiés. Leur difficulté à décoder les interactions sociales ; leurs comportements ou intérêts spécifiques peuvent les rendre plus susceptibles d’être ciblés. De plus, leur capacité à rapporter ou encore à comprendre qu’ils sont victimes de harcèlement peut être entravée, rendant la détection et l’intervention plus complexes.

Impact du harcèlement scolaire sur les enfants autistes

Le harcèlement peut avoir des répercussions profondes sur les enfants autistes. Il peut entraver leur développement social et émotionnel, affecter leur estime de soi, et aggraver des problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression. Le sentiment d’isolement et d’incompréhension qu’ils peuvent ressentir est souvent exacerbé par les expériences de harcèlement, menant parfois à une aversion ou une peur intense de l’école, connue sous le nom de phobie scolaire.

Reconnaître les signes du harcèlement

Les signes du harcèlement peuvent être subtils et parfois confondus avec d’autres problématiques comportementales ou émotionnelles. Voici quelques indicateurs à surveiller :

  • changements soudains de comportement ou d’humeur,
  • réticence ou peur d’aller à l’école,
  • isolement social ou perte d’amis,
  • blessures inexpliquées ou possessions personnelles perdues ou endommagées,
  • diminution des résultats scolaires et de la concentration,
  • symptômes de détresse comme des maux de tête ou de ventre, des troubles du sommeil.

 

Agir face au harcèlement

Les programmes nationaux de lutte contre le harcèlement scolaire

Face à ce fléau, des initiatives nationales comme le programme pHARe à destination des écoles (et des lycées depuis 2022) et Non au Harcèlement à destination des parents, élèves et professionnels ont été développées en France pour sensibiliser et combattre le harcèlement scolaire. Ces programmes cherchent à impliquer toute la communauté éducative – enseignants, élèves, parents, et personnel administratif – dans la création d’un environnement scolaire sûr et respectueux. Ils proposent des formations, des ressources éducatives, et des campagnes de sensibilisation pour prévenir et gérer les cas de harcèlement.

Le 9 novembre 2023, une grille d’auto-évaluation a été distribuée à nos enfants. Cet outil est conçu pour vous aider à identifier si votre enfant pourrait être victime de harcèlement. En discutant de ses réponses ensemble, vous pourrez mieux comprendre ses expériences et, en cas de suspicion de harcèlement, cela vous fournira un fondement solide pour demander une réunion à l’école. En outre, si vous envisagez de déposer une plainte au commissariat, il est conseillé de compléter la grille d’évaluation du danger lié au harcèlement entre jeunes, qui fournira également une évaluation détaillée de la situation.

L’intervention précoce

Intervenir rapidement et efficacement est essentiel pour minimiser l’impact du harcèlement. Voici quelques étapes à suivre.

  • Dialoguez avec votre enfant : créez un espace de confiance où votre enfant peut se sentir à l’aise pour partager ses expériences. 
  • Utilisez des supports : utilisez des livres, des histoires ou des scénarios hypothétiques pour l’aider à s’ouvrir (documentaires, films, etc.).
  • Collaborez avec l’école : rencontrez les enseignants, les conseillers scolaires et la direction pour discuter de vos préoccupations. Insistez sur l’importance d’une intervention rapide et d’une stratégie de prévention.
  • Utilisez des ressources disponibles : familiarisez-vous avec les programmes nationaux ou consultez les conseils des pédopsychiatres de l’hôpital Robert Debré sur Clé-psy. Ces ressources offrent des conseils pratiques pour aborder le harcèlement et peuvent être des outils précieux pour les parents et les éducateurs.

Attention, ne cherchez pas à intervenir vous-même auprès de l’enfant harceleur ou de sa famille. Une telle initiative pourrait se retourner contre vous et être préjudiciable pour votre enfant.

Cas de figure complexes

  • Lorsque votre enfant à des soucis avec d’autres élèves, il se peut que les enseignants ne s’en aperçoivent pas. Les enfants sont malins et savent tout à fait comme s’y prendre pour ne pas se faire remarquer lorsqu’ils commettent des actions amorales ou répréhensibles. Commencez par suivre les recommandations de base qui se trouvent dans le chapitre précédent pour permettre des interventions ciblées.

→ Si votre enfant est jeune, vous pouvez également intervenir en demandant aux adultes qui l’entourent d’être vigilants et de sensibiliser la classe à la différence en plus de la sensibiliser au harcèlement. Attention, il n’est pas toujours judicieux de citer les élèves concernés par un handicap, aborder la singularité est un choix intime et personnel qui requiert la permission de l’enfant et de sa famille.

→ A partir d’un certain âge, le plus souvent vers 7-8 ans, il est préférable d’apprendre à votre enfant à se défendre tout seul. Soit  en utilisant de très bons supports pour mettre en place des stratégies personnalisées tels que les livres d’Emmanuelle Piquet, soit en l’emmenant voir un psychologue.
Des associations comme Chagrin scolaire aident votre enfant à se familiariser avec le type de méthode proposée par Emmanuelle Piquet, elle-même fondée sur les principes de l’École de Palo Alto.

Je me défends du harcèlement
de Emmanuelle Piquet et Lisa Mandel
(éd. Albin Michel Jeunesse).
À partir de 10-11 ans.

Te laisse pas faire
de Emmanuelle Piquet (éd. Payot)

Lili est harcelée à l’école
de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch
(éd. Calligram).
Pour aborder le sujet dès 6 ans.

  • Si votre enfant est en souffrance, un accompagnement par un psychologue est fortement recommandé. Certains d’entre eux peuvent lui soumettre, sous forme de thérapies brèves (TCC, IFS, etc.), des solutions pour trouver sa place au sein de l’école. Le plus souvent, ces thérapies sont travaillées par l’intermédiaire de petits jeux de rôles.
  • Si votre enfant a des soucis avec son enseignant(e) ou son AESH, essayez de trouver des solutions ensemble lors d’un entretien. Assurez-vous que les adultes qui accompagnent votre enfant aient bien toutes les informations utiles en leur possession pour comprendre et aider votre enfant.
  • Si votre enfant est victime d’un cas de maltraitance avéré de la part d’un adulte, vous pouvez également faire appel aux organismes cités dans cet article. Dans tous les cas, demandez une ESS en urgence et faites une demande de changement d’AESH auprès de l’enseignant référent de votre secteur et/ou de changement de classe auprès de la direction. Un changement d’école peut s’avérer parfois nécessaire lorsqu’aucune solution n’est trouvée et que votre enfant n’est pas en mesure de se défendre tout seul.
  • Si une scolarité à temps plein en milieu scolaire est trop coûteuse pour votre enfant quelles qu’en soient les raisons (sociales, sensorielles, structurelles, etc.), voyez si vous pouvez organiser pour lui une scolarité partagée.

Protéger son enfant des conséquences du harcèlement

La phobie scolaire : un risque réel

La phobie scolaire est un trouble anxieux grave qui peut survenir suite à des expériences de harcèlement (mais pas seulement). Les enfants affectés développent une peur intense et irrationnelle de l’école, ce qui peut conduire à l’évitement scolaire et à un isolement accru. Reconnaître les premiers signes de la phobie scolaire est crucial pour une intervention efficace. Elle peut se manifester par :

  • de l’anxiété, 
  • des crises de panique, 
  • des maux de ventre, 
  • une réticence à quitter la maison.

 

Ces signes sont des indicateurs d’alarme que votre enfant pourrait être en souffrance.

Pour trouver du soutien, les parents peuvent se tourner vers des psychologues ou des conseillers scolaires spécialisés dans les problématiques de l’enfance et de l’adolescence. Des groupes de soutien pour parents, des forums en ligne, et des associations dédiées peuvent également offrir de l’aide et des conseils.

Idées noires et dépression

L’adolescence est une période où les enfants, en quête identitaire, sont particulièrement vulnérables. En proie au harcèlement, ils peuvent développer des idées noires et une phase pré-dépressive. Ce prisme biaisé, à travers lequel ils perçoivent le monde, peut graduellement les conduire à une véritable dépression.

Les signes à surveiller :

  • le retrait social, 
  • la perte d’intérêt pour les activités qu’ils aimaient, 
  • des changements dans l’appétit ou le sommeil, 
  • des expressions de désespoir.

Si vous constatez de tels signes, une consultation immédiate avec un professionnel de la santé mentale (pédopsychiatre, psychologue) est recommandée. Encourager une communication ouverte, offrir un soutien constant et un environnement familial stable peut également aider à prévenir l’escalade vers une dépression.

Le risque suicidaire

Dans les situations les plus graves, le harcèlement peut conduire à des pensées suicidaires. Il est vital de prendre ces signes au sérieux. Les enfants autistes peuvent ne pas montrer les signes classiques de la dépression ou du désespoir, rendant la détection précoce plus difficile.

Face à un risque suicidaire, une action immédiate est nécessaire. Les thérapeutes spécialisés peuvent offrir un soutien adapté : contactez un professionnel de santé mentale, un service d’urgence, ou une ligne d’assistance pour le suicide. Il est crucial d’établir un environnement sécurisant pour l’enfant, de lui assurer qu’il est entendu et soutenu, et de prendre toutes les menaces ou indications de mal-être au sérieux.

En tant que parent, il est essentiel de rester vigilant face à ces risques et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger votre enfant. Rappelez-vous que l’amour, le soutien, et la compréhension sont des outils puissants dans la lutte contre les conséquences du harcèlement scolaire.

Les numéros d’urgence :

Harcèlement scolaire
3020

Cyberharcèlement
3018

Prévention suicide
3114

Pompiers
18

Samu
15

Enfance en danger
119

Besoin de parler :

Fil santé jeunes
0 800 235 236

Si vous êtes actuellement confrontés à ce genre de soucis, gardez courage. Les parents d’enfants à besoins spécifiques sont déjà débordés par les dossiers et le stress engendrés par une telle responsabilité et se passeraient volontiers de ce genre de scénarios catastrophes.

Restez zen et conciliant autant que possible. Je vous invite d’ailleurs à relire cet article que j’ai écrit pour le blog Habitudes zen 
Comment rester zen quand on a un enfant différent
.

Ne perdez pas de vue que l’on ressort grandi de chaque épreuve que la vie met sur notre chemin. Soyez fermes et montrez votre motivation à aider votre enfant.

Cette histoire est la vôtre ? Partagez vos victoires juste en-dessous ! Votre témoignage sera peut-être la lumière qui éclairera le chemin de quelqu’un d’autre. 😉

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2 réflexions sur “Autisme et harcèlement scolaire : comprendre, agir et protéger”

  1. On peut faire toutes les lois possibles pour prévenir le harcèlement, pour conseiller dans les démarches…. Mais à quand un module pour lutter contre une stratégie administrative, qui, bien souvent, est mise en place dans le cadre d’un harcèlement, puisque la priorité majeure sera pour l’administration de se dédouaner, à défaut d’être pointer du doigt pour un manquement. Évidemment, le fléau qui est le harcèlement est complexe et parfois difficilement Percevable sur le terrain, puisque les acteurs de ce fléau sont assez malicieux et insidieux pour se faire discret et encore plus vicieux et sournois quand leur Pro est en situation de handicap. Tellement plus facile de faire passer un élève en situation d’autisme pour un parano…. Clairement, quand l’enfant est en situation d’autisme , en plus d’être en détresse pour les violences subis pour la victime et sa famille, la deuxième violence qui suit est de passer de du statut victime, puis enfin celle qui peut vous achever l’administration. Tu vas vous enfoncer histoire juste de vous terrifier pour pas aller au-delà dans les démarches car trop peur qu’on lui reproche d’être passé à côté d’un harcèlement. Ce qui est en plus recevable c’est tellement complexe.!!!

    1. Merci Alex pour votre commentaire. Vous soulevez un aspect crucial de la lutte contre le harcèlement, en particulier lorsqu’il s’agit d’enfants autistes. La complexité de la situation est exacerbée par la difficulté de percevoir et de reconnaître le harcèlement, ainsi que par les stratégies parfois adoptées par les administrations scolaires.

      Il est vrai que les réponses administratives peuvent parfois sembler se focaliser davantage sur la protection de l’institution plutôt que sur le soutien aux victimes de harcèlement. Nous avons également connu cette situation. Cette réalité rend la lutte contre le harcèlement encore plus difficile pour les familles et les enfants concernés, en particulier lorsqu’il s’agit de personnes en situation de handicap.

      La manière dont un enfant autiste peut être injustement perçu ou étiqueté montre l’importance d’une prise de conscience et d’une formation adéquate pour le personnel éducatif, afin de mieux identifier et gérer les cas de harcèlement, surtout lorsqu’ils impliquent des enfants ayant des besoins spéciaux.
      Votre commentaire souligne la nécessité de changer ce système pour assurer une protection efficace contre le harcèlement, en particulier pour les enfants les plus vulnérables. Il s’agit, en effet, d’un défi complexe qui nécessite un engagement continu de toutes les parties prenantes, y compris des parents, des éducateurs, et des responsables politiques.

      Encore une fois, merci de partager ces préoccupations. Merci d’éclairer les aspects souvent négligés de ce problème difficile et de mettre en lumière la nécessité d’une action collective et concertée.

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