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Note : cet article invité a été rédigé par Carole Bordon du blog J’aime mon Avenir.
Il était là, devant le café où nous avions rendez-vous, sa maman cherchant une place pour se garer. Je ne savais alors presque rien de lui ni de son handicap. Je partais avec trois informations en poche, il avait 16 ans, il était en 2nde MRCU (Métiers de la relation clients et usagers) et il lui fallait trouver un stage de trois semaines dans la vente ou le commerce. Les choses paraissaient mal engagées de ce point de vue là pour la maman, qui avait fait quelques démarches restées sans suite.
Je me suis trouvée face à une maman éprouvée, qui m’a informée que son fils avait un TED (trouble envahissant du développement)*, diagnostiqué à l’âge de 3 ans. Elle m’a expliqué le combat qu’il lui avait fallu mener pour permettre à son fils d’avoir une scolarité « normale » et de se développer au mieux. L’hôpital de jour, les SESSAD (services d’éducation et de soins spécialisés à domicile). La classe ULIS, le passage du Brevet et son obtention ! Le pourquoi de son orientation en MRCU. Et désormais, cette recherche de stage qu’elle ne pouvait assurer seule. En effet, en travaillant à plein temps, comment trouver du temps pour la prospection ? Comment trouver l’énergie nécessaire pour cet autre combat, celui de l’ insertion professionnelle de son fils ?
Je lui ai donc proposé de me passer le relais, à raison de trois séances d’une heure trente avec Adrien. Il était d’accord, habitué depuis longtemps à être accompagné par différentes personnes.
C’était la première fois que je devais accompagner un jeune ayant un handicap comme celui-ci. Il me fallait alors, en tant que professionnelle, chercher à comprendre son fonctionnement pour l’accompagner au mieux. M’adapter. Sa maman m’a évidemment briefée. Je me suis documentée sur les troubles envahissants du développement et sur la façon de communiquer avec Adrien et de l’accompagner. J’ai appelé mon amie Séverine du blog Je suis 1 As pour des conseils (merci Séverine).
Et après, j’ai fait mon job !
Trouver un stage pour un jeune n’est jamais simple. Dans la vente comme dans beaucoup de domaines d’activité, le temps et/ou les effectifs manquent pour pouvoir accompagner les stagiaires, quand ce n’est pas simplement la volonté (nous y avons été confrontés lors de notre prospection physique avec Adrien). Alors, quand on a un TED en plus… et que l’on cherche à s’orienter dans la relation clients ou usagers, c’est un challenge !
En même temps, Adrien a besoin et envie d’être en relation. S’exposer au contact clients ou usagers, c’est aussi lui permettre de progresser à nouveau en termes d’habiletés relationnelles. Fallait-il encore que quelqu’un lui laisse sa chance.
Mais revenons un peu en arrière.
Avant de partir en prospection, je voulais connaître les univers dans lesquels il se sentirait le plus à l’aise parce que la vente, c’est vaste ! Alors je lui ai présenté un document sur lequel il y avait des visuels (photos) de différents environnements de travail (commerces de bouche, magasins de sport, d’ameublement, prêt à porter, jeux vidéo etc.). Je lui ai demandé de me dire ce qui l’attirait et ce qui ne l’attirait pas. Comme je savais qu’il interprétait tout de manière trop littérale, je me suis efforcée d’employer toujours un langage simple avec lui, non imagé, non métaphorique, ni bourré d’expressions ou de second degré. Par exemple, au lieu d’utiliser le mot « univers », j’ai utilisé « genre de magasins ». Cet « exercice » l’a bien motivé et a été facile pour lui.
Je savais où allaient ses préférences et j’allais axer nos recherches dans ce sens.
J’ai travaillé avec lui son discours et sa posture. Dire plutôt ceci que cela pour telle raison. Essayer de sourire pour telle raison. Serrer la main franchement pour telle autre raison (car il n’était pas dérangé par une poignée de main mais la sienne était particulièrement molle). Et cela, j’ai dû le lui rappeler à chaque séance. Faire des simulations pour s’entrainer. Adrien parlait peu mais répondait à mes questions. Il communiquait. Il me regardait de temps en temps dans les yeux.
J’ai refait son CV, retouché sa lettre de motivation. Car un mini-CV au format carte postale, à son âge, c’est bien suffisant. J’y ai mis ce qu’il cherchait et ses atouts.
Quant à la lettre de motivation convenue faite par maman ou le lycée, était-ce vraiment nécessaire ? « Pour la forme » me suis-je entendue dire… Il est grand temps que les recruteurs se mettent à la page !
La prospection physique en magasin n’a rien donné. Nous avons reçu bon accueil, il s’est débrouillé tant bien que mal, j’avais besoin d’intervenir souvent mais cela s’est bien passé. Il a entendu ce que les uns et les autres disaient de leur quotidien, c’était bien qu’il prenne conscience des réalités du terrain.
Entre les séances, j’ai relancé, contacté d’autres entreprises, par mail, par téléphone ou via Linkedin. J’ai sollicité mon réseau.
Je me suis adressée aux entreprises d’insertion car il me semblait que là plus qu’ailleurs, je pourrais trouver une oreille attentive. Il y en avait peu dans le commerce à une distance raisonnable de son lieu d’habitation. Car même si Adrien était autonome dans les transports en commun (et qu’il aimait même beaucoup ça), il était hors de question qu’il ait chaque matin et chaque soir une heure ou plus de transport.
L’une d’entre elles, une boulangerie, aurait pu l’accueillir mais les dates coïncidaient avec une période trop chargée pour eux : la galette des rois qui dure un mois désormais ! Et puis c’était deux semaines de stage maximum, pas plus…
Ah ces dates ! On peut dire qu’elles nous ont posé problème… parce qu’elles coïncidaient aussi avec les soldes ! Le rush ! Pas le moment idéal pour prendre des stagiaires non expérimentés et non autonomes !
Le salut est venu grâce à un grand magasin de sport dont je ne citerai pas le nom. Je l’ai démarché via Linkedin et après avoir été en contact avec moult interlocuteurs, après un entretien en magasin avec Adrien, quelques rebondissements inattendus, beaucoup de persévérance (et d’acharnement même), Adrien a décroché son stage… même en période de soldes !
Il m’a d’ailleurs étonnée lors de l’entretien que nous avons eu ! Il était sur son 31, il était souriant, il réussissait mieux que d’ordinaire à répondre aux questions qui lui étaient posées, il s’est dépassé !
Si je vous livre ce retour d’expérience, ce n’est pas pour en tirer quelque gloire, c’est pour vous donner espoir, à vous parents d’enfants atypiques. Et pour vous dire qu’il ne faut pas hésiter à passer la main parfois si vous le pouvez, car la prospection demande beaucoup d’investissement, de temps, de détermination et de savoir-faire. Rares sont les personnes qui possèdent tout cela à la fois, excepté quelques professionnels dans le public ou le privé, dont c’est le métier.
Vos enfants, comme tous les enfants, ont des atouts qu’il faut absolument mettre en avant. Pour Adrien, c’était son extrême ponctualité (c’est un véritable atout auprès des employeurs), sa fiabilité, son sérieux et sa capacité à progresser dans les habiletés relationnelles.
Ensuite, il ne faut pas hésiter à utiliser les réseaux sociaux professionnels (voire ressources ci-dessous).
Si vous avez aimé cet article, partagez-le, et à très vite sur mon blog J’aime mon Avenir, le blog parental dédié à l’orientation scolaire et professionnelle.
Ce carnet de route proposé par le site belge www.participate-autisme.be, que j’ai recommandé à sa maman de remplir. C’est un document qui peut être communiqué aux tuteurs de stage par exemple pour faciliter leur mission d’accompagnement.
Certaines entreprises emploient des autistes Asperger : Avencod, SAP, Soregor… (liste non exhaustive) car ils possèdent des atouts formidables pour le cœur de métier de ces entreprises particulières.
Le blog « Dessine toi un emploi », qui regorge de bons conseils et d’astuces pour réussir sa recherche d’emploi (ou de stage), notamment via l’utilisation de toutes les fonctionnalités de LinkedIn.
* Les Troubles envahissants du développement (TED) font partie des troubles de l’autisme, cette appellation lors d’un diagnostic d’autisme était très fréquente il y a quelques années, on parle aujourd’hui plus communément de TSA (Trouble du spectre autistique).
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