Autisme & fratrie : 7 astuces pour les frères et sœurs

Nous savons tous à quel point il est important d’accorder du temps à chacun de nos enfants. Mais voilà, quand l’un d’entre eux a des besoins spécifiques qui demandent un gros investissement, on peut facilement avoir un emploi du temps ingérable. Et très vite on ne sait plus très bien si l’on consacre suffisamment de temps à chacun. La relation entre frères et sœurs est essentielle dans leur construction identitaire mais qu’en est-il quand l’un d’entre eux est différent ?

Notre regard sur la différence façonne inévitablement la façon qu’ont et qu’auront nos enfants de percevoir le monde qui les entoure. La mission peut sembler difficile. Aborder le handicap avec bienveillance tout en écoutant les revendications de chacun est un exercice quotidien qui nous élève en tant que parents.

J’explique souvent à ma fille que le temps passé avec son frère semble en effet plus important mais je souligne aussi que ces temps-là sont passés dans des salles d’attente, sur les strapontins du métro ou à discuter des difficultés de son frère devant lui avec des spécialistes et que ça n’est certainement ce à quoi rêve un enfant pour passer un bon moment avec ses parents. Probablement par culpabilité, il me semble que je passe plus de temps à jouer ou à partager des moments ludiques avec elle qu’avec mon fils.

Quand je sens que l’équilibre se renverse, j’essaie de trouver un moment particulier avec mon fils, où j’apprends des tas de choses sur des îles inconnues ou encore sur l’association des enzymes ou la multiplication des globules rouges ! Puis évidemment le même phénomène se produit à nouveau dans le sens inverse, chaque enfant cherchant l’exclusivité de l’amour parental.

Souvent, on en oublie même de consacrer du temps pour soi, mais ça c’est un autre sujet dont je ne vous parlerai pas aujourd’hui 😉

Non, aujourd’hui, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, je voulais faire un article tout particulier à destination des frères et sœurs de nos petits As.

Aujourd’hui et dans les jours à venir, nombre d’entre nous vont se déplacer pour nos enfants tout de bleu vêtu. Rassemblements, spectacles, formations, entretiens, de nombreux événements sont annoncés et vont nous mobiliser.

Mais ce matin, si vous passiez vingt minutes seul(e) avec votre ou vos enfant(s) qui ne sont pas autistes à discuter autour de ces quelques lignes ?

Qu'est-ce que c'est l'autisme ?

Tes parents ont déjà dû te l’expliquer, ton frère ou ta sœur est autiste.
Mais sais-tu en quoi cela rend ton frère ou ta sœur différent ?

L’autisme modifie :

La manière de comprendre et d’interpréter la façon dont les gens communiquent entre eux : les gestes que tu fais, les expressions de ton visage, le ton de ta voix, les mots que tu utilises avec les autres montrent ce que tu ressens. Et si quelqu’un est en colère, impatient ou encore ennuyé, tu le vois très rapidement à travers tous les signaux que son corps t’envoie… Le cerveau des personnes autistes ne perçoit pas tous ces indices qui sont évidents pour tout le monde.

Du coup, il ne les apprend pas non plus naturellement. Alors forcément, cela modifie aussi la façon dont une personne autiste communique avec les autres.

Un bébé autiste va développer des intérêts en grandissant vers ce qui lui apporte le plus de plaisir. Comme tous les enfants. Mais comme son cerveau n’interprète pas bien les signes sociaux, il va fixer son attention sur d’autres petites choses agréables.

Ce bébé ressent comme tous les bébés de la joie, de la tristesse, de la colère et de la peur mais en grandissant il ne va pas apprendre de manière naturelle ce que cela signifie et comment fait-on pour vivre avec toutes ces émotions. Il va plutôt développer ce que l’on appelle des intérêts spécifiques.

Pour une personne autiste, les signaux envoyés par son corps sont aussi plus ou moins bien décodés par son cerveau. Cela créé ce que l’on appelle des troubles sensoriels. Les sensations physiques peuvent être inconfortables car elles sont soit trop fortes, soit pas assez. Le bruit, les odeurs, le toucher par exemple peuvent être une véritable torture qui provoque une surcharge. Un peu comme lorsqu’on allume une radio mais que le bouton est coincé sur le volume maximum.

Il y a différentes formes d’autisme. Néanmoins, ces signes existent chez toutes les personnes autistes à des degrés plus ou moins importants. Ce qui aura un impact plus ou moins conséquent sur la façon dont cette personne va grandir et se construire pour vivre sa vie d’adulte.

 

Mémo flash

Ton frère ou ta sœur autiste a une façon différente :

  • de communiquer
  • de gérer ses émotions
  • de gérer ses sensations
  • de s’intéresser aux choses

Pourquoi moi je ne suis pas autiste ?

Aujourd’hui, on ne sait pas encore très bien d’où vient l’autisme. Des chercheurs travaillent tous les jours pour en comprendre les causes et ainsi apporter des réponses. Ce que l’on sait c’est que la probabilité d’avoir de nouveau un enfant autiste est plus importante dans une famille où cette particularité existe déjà. Ce n’est de la faute ni de tes parents, ni de personne d’autre et surtout, surtout, ce n’est pas de ta faute à toi !

Et moi, où est-elle ma place dans tout ça ?

Dans ma famille

Lorsque l’on a un frère ou une sœur autiste, la vie de la famille est forcément chamboulée. Souvent, l’un de nos parents arrête de travailler pour amener notre frère ou notre sœur chez des spécialistes. Beaucoup de personnes s’occupent de lui (ou d’elle) parce qu’une prise en charge intensive et précoce (le plus tôt possible) est la meilleure manière que l’on ait trouvée actuellement pour améliorer ses particularités et l’aider à vivre une vie épanouie.

Dans ma famille

Tu peux trouver cela difficile et même avoir des sentiments qui font le yoyo. C’est tout à fait normal.
Les frères et sœurs rêvent tous à un moment de leur vie d’être le seul enfant de leurs parents… Pour ne pas avoir à partager leur amour ! Du coup, quand un frère ou une sœur arrive dans notre famille avec un handicap, on peut se sentir un peu responsable. Comme si le fait de n’avoir pas voulu de frère ou de sœur lui avait porté la poisse ! Heureusement, c’est totalement faux !

L’amour mais aussi la rivalité, le conflit, la jalousie sont des sentiments qui existent chez tous les frères et sœurs et c’est même très sain de s’autoriser à les vivre car c’est comme cela que l’on grandit et que l’on se construit ! Chaque personne dans ta famille t’aide, sans que tu ne t’en rendes compte, à bâtir ta propre identité, ta propre personnalité.
C’est avec elle que tu avances sur le chemin de la vie qui fera de toi l’adulte de demain. C’est en partageant le même toit avec ceux que l’on aime pendant de nombreuses années, en partageant son temps, ses sentiments, ses joies, ses victoires, ses désaccords que l’on apprend à s’affirmer. Que l’on découvre ce que l’on aime, ce que l’on désire, ce que l’on peut offrir et, au fond de soi, qui on est vraiment.

Par rapport aux autres

Tu peux quand même percevoir que les sentiments que tu as pour ton frère ou ta sœur autiste ne sont pas les mêmes que ceux que partagent tes copains. Tu n’as pas tout à fait tort.
Lorsque l’on a une sœur ou un frère différent on peut ressentir notre famille comme un OVNI et adopter des attitudes un peu à part.

  • On peut avoir honte de parler de ce que l’on vit et notre famille devient un sujet tabou
  • On peut trouver que ce qui arrive dans notre famille est très injuste
  • On peut avoir envie de se révolter ou alors par moment devenir très triste
  • On peut chercher à protéger son frère ou sa sœur parfois même ses parents
  • On peut se sentir très anxieux
  • On peut aussi avoir des sentiments négatifs vis-à-vis de ce frère ou cette sœur qui prend beaucoup de place
  • On peut penser que l’on nous aime moins ou pas assez et que l’on n’est pas important
  • On peut avoir l’impression de ne pas pouvoir être nous-même
  • On peut se sentir seul

Si tu vis tout ou une partie de ces sentiments de temps en temps, tu ne dois pas t’inquiéter, cela arrive aussi aux autres enfants qui vivent la même situation que toi. C’est normal et tu ne dois pas hésiter à en parler.

Et si ça prend trop de place dans ma vie ?

Tu peux constater que ton comportement change parce que ces sentiments prennent beaucoup trop d’importance ?

Tu es très dissipé(e) et tu cherches tout le temps à te faire remarquer parce que tu as peur de ne pas vraiment exister ?

Tu as souvent des petits bobos qui te gâchent la vie ?

Ou alors ça peut être l’inverse, tu te montres très sage et très effacé(e) par ce que tu penses que tes parents ont bien assez de soucis comme ça et que tu ne dois pas en rajouter ?

Si ces pensées ou ces comportements prennent trop de place dans ton quotidien, il est très important que tu en parles avec un adulte avec lequel tu te sens bien.

Cela peut être :

  • Un adulte de ta famille (parent, grand-parent, oncle, tante, etc.)
  • Ton parrain, ta marraine ou encore un adulte en qui tu as confiance
  • Un psychologue (expert en solutions pour ce genre de situation 😉 )
 
Tu peux aussi demander à rencontrer d’autres enfants qui vivent les mêmes choses que toi. Par le biais :
 
  • De tes parents qui connaissent certainement d’autres familles avec un frère ou une sœur dans la même situation que toi
  • Des associations qui proposent parfois de grands piques-niques où les familles se réunissent
  • Des psychologues ou des associations qui proposent des « Groupes fratries » où tu rencontreras des enfants de ton âge vivant la même situation.
Partager ces moments difficiles avec d’autres personnes qui nous comprennent nous aide à nous sentir mieux et à réaliser qu’il existe des solutions pour les vivre de manière plus détendue.

Petites solutions maison :

Il est également important que tu aies à la maison un espace bien à toi où tu peux te ressourcer quand tu trouves l’atmosphère trop pesante !
N’hésites pas à faire intervenir tes parents si ton frère ou ta sœur joue les intrus. L’espace personnel, c’est indispensable dans une maison 😉

Si tu te sens un peu oublié(e), tu peux dire à tes parents ce que tu aimerais faire de temps en temps rien qu’avec eux. Parfois les adultes oublient ce qui fait vraiment plaisir aux enfants alors n’hésites pas à leur glisser un petit papier dans leur agenda avec tes idées !

Tu peux aussi établir un code avec tes parents qui signifie « Là, j’ai besoin de passer un peu de temps avec vous ! ». Ils viendront passer quelques minutes de la journée juste avec toi.

Si tu es en fin de primaire, au collège ou au lycée et que tu sens que tu es très effacé(e) à cause de ce que tu vis, si tu as du mal à trouver ta place avec les autres ou bien que l’on t’embête facilement, tu peux lire le livre Je me défends du harcèlement d’Emmanuelle Piquet. Il t’apprendra comment faire pour retrouver ta place parmi tes camarades et avoir une juste répartie !

A quoi je peux jouer avec mon frère ou ma sœur ?

Pas toujours facile de partager du temps avec un frère ou une sœur autiste.

  • Parfois il/elle est plus âgé(e) que nous mais il y a des domaines dans lequel on l’a déjà dépassé(e). Du coup, on ne sait plus très bien quel est notre place de « plus grand » ou de « plus jeune ».
  • Parfois, il/elle ne parle pas ou alors il/elle parle tout le temps et que de ses sujets préférés !
  • Quand je suis triste, on dirait qu’il/elle s’en fiche…
  • Il/elle ne sait pas inventer des histoires
  • Il/elle peut être très collant ou au contraire ne pas supporter qu’on le touche
  • Il/elle fait beaucoup de bruit, c’est fatigant…
  • Il/elle démonte tous mes jouets et met le bazar dans ma chambre sans ranger, au secours !
  • Il/elle veut toujours faire la même chose !
 
La liste est longue et si tu veux en savoir plus sur tous ces phénomènes liés à l’autisme, tu peux aller lire l’article Il y a un autiste dans ma classe ! 10 astuces pour les copains mais surtout remémores-toi bien le Mémo flash du début, les vraies difficultés de ton frère ou de ta sœur viennent de là ! La plupart du temps, il ne fait pas exprès d’être casse-pied !
 

Pour trouver des jeux à partager avec ton frère ou ta sœur, essaie de faire une liste (tu peux demander de l’aide) de tout ce que vous aimez faire tous les deux et de tout ce que vous avez déjà fait ensemble et qui vous a beaucoup plu. Cela vous permettra de réaliser un petit cahier d’idées de jeux à partager.

Jeux entre frères

Si les idées vous manquent, vous pouvez aussi télécharger le guide de jeux gratuit Le Petit Manuel Ludique « 101 jeux et activités » qui se trouve sur le blog 365 jeux en famille ! Il y a plein d’activités sympas et très facile à réaliser pour bien rigoler. Dessinez un petit cœur sur vos activités préférées où bien découpez-les pour les ajouter à votre petit carnet de jeux personnalisé.

Si ton frère ou ta sœur parle, vous pouvez aussi chercher ensemble toutes les choses pour lesquels vous êtes pareils. Aimez-vous tous les deux avoir des amis ? Passer du temps avec papa et maman ? Recevoir un nouveau jouet ? Aller à l’école ? Manger des choux-fleurs ? etc.
Finalement même quand on est différent, on est surtout semblable !

Et surtout garde bien ton carnet pour proposer des jeux la prochaine fois.

Ce que tu dois savoir !

Tes sentiments compliqués vis-à-vis de ton frère ou ta sœur sont normaux ! Cependant, ils ne doivent pas t’empêcher de vivre ta propre vie même si ton frère ou ta sœur est différent(e).

Tu as le droit de parler de ce que tu ressens.

Même si tu sens au fond de toi que tes parents sont parfois fatigués ou tristes, tu peux les aider mais si ce besoin devient trop important, tu dois te recentrer sur toi-même. Tes parents veulent avant tout que tu sois heureux, pas que tu portes leurs soucis !

Tu sens que ton frère ou ta sœur est vulnérable et tu veux tout le temps le/la protéger ? Un petit peu c’est normal… mais trop, non ! C’est le rôle de tes parents.

Tu es quelqu’un de TRÈS IMPORTANT pour tes parents !
Et si tu ne vois pas bien leur façon de te le montrer, parles-en avec eux quand vous êtes seuls et au calme (en voiture ou le soir au coucher par exemple).

 

Si tu trouves tes relations avec tes frères et sœurs trop compliquées, tu peux suggérer ce génialissime livre à tes parents Frères et sœurs sans rivalités de Adèle Faber et Elaine Mazlish.

Et quand tout se passe bien, c’est normal ?

Oui, ce n’est pas parce que l’on a un frère ou une sœur autiste que c’est forcément compliqué.
Cela veut certainement dire que tu as une belle maturité : tu comprends ce que ça implique pour tout le monde et tu as trouvé comment garder confiance en toi et avoir un peu de temps avec tes parents. Tu sais que tu es quelqu’un d’important et tu as trouvé des moments de complicité avec ton frère ou ta sœur malgré vos différences.

Avoir un frère ou une sœur handicapé(e), cela fait souvent grandir plus vite et c’est aussi très enrichissant. On développe souvent de belles qualités telles que l’altruisme et la solidarité.

Et puis, peut-être n’en es-tu pas ou peu conscient mais ta présence dans ta famille est une vraie richesse pour ton frère ou ta sœur autiste. Il/elle apprend tous les jours énormément de nouvelles choses et même des compétences importantes à tes côtés !

Complicité frère et soeur

Salut à toi MISS or MISTER VERY IMPORTANT !

Et si tu veux témoigner (avec l’accord de tes parents) ou si tu as des questions, écris quelques mots dans les commentaires, je te répondrais ! 🙂

8 réflexions sur “Autisme et fratrie : 7 astuces pour les frères et sœurs”

  1. Mon problème c’est que ma fille 6 ans plus âge que son frère TSA ( asperger) ne l’a jamais calculé que pour le rabaisser et ça dur aujourd’hui… je ne la comprends pas elle a plus de trente ans maintenant et est maman mais quand elle vient à échanger avec son frère ce n’est jamais pour le soutenir mais juste pour l’enfoncer .. du coup il ne veut plus la voir car pour lui elle est toxique … et moi maman j’en souffre …. Pourtant j’ai passé énormément de temps à m’occuper de ma fille qui était HPI plus meme je pense que de mon fils … pourquoi ce comportement ????

    1. C’est toujours très difficile en tant que maman de constater que ses enfants ne se soutiennent pas ou qu’ils se blessent. Je ne peux évidemment pas expliquer ce comportement, il est propre à votre histoire familiale. Ce qui se joue au niveau de l’affect est très intime car chacun fait sa lecture de son vécu à travers ses propres filtres. Que l’on soit atypique ou pas. Je vous recommande vivement le livre « Frères et sœurs sans rivalités » dont je parle dans cet article, il vous apportera certainement quelques pistes de réflexion qui j’espère vous aideront à trouver les réponses que vous cherchez.

    2. Bonjour Françoise

      Je vis exactement la mème situation. Ma deuxème fille n’a fait que embéter, presque harceler sa soeur J’ai 3 filles, la plus jeune, Emma, est autiste asperger, diagnostiqué en 2020 ( elle va avoir 30 ans maintenant) Elle habite seul, tout près de nous.
      impossible de travailler, une allocation et de l’aide de notre part dans tous les domaines
      Avec l’ainée(9 ans de différence) tout va bien, elle est très adulte et compréhensive. C’est avec ma deuxième fille( 36 ans) que c’est très compliqué. Elle me fait tout le temps des reproches que je ne m’occupe pas de la bonne façon de sa soeur. Que je ne fais rien pour la guérir, ne veut pas comprendre que l’autisme ne se guerri pas. Ne supporte en aucun cas sa soeur .Trouve que sa soeur est fainéante ect. Je ne suis plus marié avec le père de mes enfants.Il est absent de toute manière, pour Emma. Pas pour la deuxième, ils sont du mème avis. Et donc Emma ne les voit plus, pareil, ils sont toxique pour elle. Moi non plus je ne les comprends pas. je cherche, essaie de comprendre. et pareil je me suis occupé beaucoup beaucoup de la deuxième. Mon veçu nous vous aide pas beaucoup sans doute mais, vous n’etes pas seul. Restez vous mème, vous étes une maman formidable.

  2. Bonjour, j’ai 30 ans et je me reconnais dans certains de ces points, par rapport à mon frère de 32 ans, en phase d’être diagnostiqué autiste (+ retard mental). J’ai eu l’impression (et c’est encore le cas) d’être ignorée et que mes sentiments ne sont pas pris en compte. On me dit de me calmer et de ne pas m’énerver à propos de l’autisme potentiel de mon frère, comme si je devais me taire et faire avec. Je ne peux pas discuter avec lui d’autre chose que ses intérêts (les camions) alors que ça ne m’intéresse pas vraiment. Je voudrais lui parler de mon travail, de mes passions, mais c’est impossible, j’ai l’impression qu’il ne m’écoute pas et ça empire avec le temps. De ce fait, notre relation se dégrade de plus en plus. Je me sens responsable de lui d’aussi loin que je me souvienne, et j’ai l’impression d’être passée à côté de ma vie. Je ne sais plus quoi faire, je n’ai jamais eu de soutien psychologique par rapport à ça, j’ai été « parentifiée » à cinq ans et de ce fait, ma relation avec Helena, ma petite soeur de 25 ans, qui n’a pas été chargée de cette responsabilité, en a sérieusement souffert (nous ne nous entendons pas très bien). En fait, j’ai été parentifiée pour que mes parents puissent s’occuper d’Helena, qui est née quand on a commencé à trouver que mon frère avait des problèmes et ce double événement a bouleversé ma vie à un tel point que je suis encore complètement perdue. Je n’ai toujours pas trouvé ma place, j’ai encore ce sentiment d’avoir été délaissée, abandonnée, j’ai fait une dépression dont je ne suis pas complètement sortie, mais je n’ose pas en parler à coeur ouvert parce que je ne veux pas être un autre problème pour mes parents. Je n’en peux plus, je voudrais qu’on me dise que je ne suis pas responsable, que ce n’est pas ma faute et que je n’ai rien raté dans tout ce que j’ai cherché à apporter à mon frère, mais je ne trouve personne pour me le dire. Alors je culpabilise, je me dis que c’est de ma faute. Est-ce que c’est de ma faute si son état empire ? S’il est comme ça ? Si je m’étais mieux occupée de lui, il irait mieux ? Si on ne m’avait pas parentifiée, est-ce qu’il irait mieux ? Est-ce que dans un diagnostic d’autisme, on prend en compte l’avis des frères et soeurs ou on n’écoute que les parents ?

    1. Bonjour Addy,
      Je vous remercie pour confiance et votre authenticité. Tout d’abord, je tiens à vous rassurer, vous n’êtes absolument pas responsable de l’état de votre frère, ni de son handicap. Entrer en relation avec un frère ou une sœur autiste ne sera jamais tout à fait pareil que si ce frère ou cette sœur avait été neurotypique. Chaque relation est unique est nous apporte matière à travailler sur nous-même. Il me semble que votre relation avec votre frère s’améliorera lorsque vous aurez trouvé un sentiment de paix à l’intérieur de vous par rapport au rôle que vous avez défini pour vous dans cette relation. Qu’il soit induit par vos parents (ou par ce que vous avez cru que l’on attendait de vous) n’est pas très important. Vos parents ont fait avec la compréhension qu’ils avaient de la situation. Même lorsque l’on essaie de faire de son mieux, on n’est jamais parfait et c’est tant mieux. Aujourd’hui, je ressens votre souffrance comme une espèce de dichotomie entre ce que vous souhaitez (ou pensez devoir) apporter à votre frère et ce que vous souhaitez vraiment vivre avec lui et sans lui. Peut-être qu’une forme de loyauté vous entrave et vous empêche de faire des choix pour vous. Comprenez qu’il n’y a que lorsque vous écouterez d’abord vos propres besoins que vous serez alors disposée à entrevoir cette relation d’une toute autre façon. Qu’est-ce que cette relation vous dit de vous-même aujourd’hui dans la façon dont vous l’envisagez ? Avez-vous perdu votre liberté ? Ressentez-vous un manque d’amour, de reconnaissance, de partage dans une relation que vous auriez imaginée différente ? Pourquoi ? Comment pouvez-vous remplir votre réservoir personnel de tous ces besoins autrement ? Vous avez également le droit de parler à vos parents, de leur expliquer que vous vous sentez investie d’une responsabilité qui ne vous incombe pas et que vous n’avez pas osé en parler jusqu’à présent par soucis du bien-être de tous. Qu’aujourd’hui vous avez besoin de vivre les choses autrement.
      N’oubliez pas non plus que la façon dont vous voyez les choses vous appartient. Vos projections ne sont peut-être pas celles que vos parents ont réellement imaginées pour vous. Et même si cela était le cas, vous être maître de votre vie et de vos choix. Soyez douce avec vous comme vous avez essayé de l’être avec les autres. Prenez aussi le temps d’accepter de vivre une relation différente avec votre frère. En vous repositionnant en vous, vous trouverez des clés pour vivre tout cela de manière plus apaisée et plus harmonieuse. N’hésitez pas à vous faire accompagner par un psychologue ou un coach qui est formé à ce genre de situation. Je vous souhaite le meilleur dans vos relations à venir. Toutes les ressources sont en vous. Vous les trouverez avec ou sans aide. Quand on vient chercher des réponses comme vous le faites ici, c’est que vous avez déjà parcouru un partie du chemin qui vous emmène vers ce que vous souhaiteriez vivre 🙂

    2. Et pour répondre à votre dernière question : le diagnostic sert à établir le profil de la personne évaluée. Cela permet de mettre en place des aménagements et/ou une prise en charge pour mieux accompagner cette personne. Le diagnostic n’évalue pas les besoins des parents et des frères et sœurs, néanmoins dans le cadre d’une reconnaissance de handicap un parcours d’accompagnement de la famille peut être mis en place.
      Avez-vous déjà interrogé votre sœur sur sa vision de la situation ? Sur sa façon de voir les choses ?
      Je vous recommande le livre Frères et sœurs sans rivalités d’Adele Faber et Elaine Mazlish si vous souhaitez avancer sur le sujet de la fratrie. Il s’adresse plutôt aux parents mais j’y ai personnellement découvert beaucoup de pistes très intéressantes sur la vision et le positionnement de chacun des membres d’une famille.
      Et surtout si vous n’en pouvez plus, ne restez pas seule avec vos questions. Trouvez une bulle d’écoute et de soutien auprès d’un professionnel.

  3. Bonjour,
    J’ai un grand frère avec autisme (il a 12 ans de plus que moi), j’ai grandi avec lui : il était en établissement la semaine (hôpital psy jusque 18 ans puis dans un FAM spécialisé autisme en Belgique dans lequel il est très bien) et revenait les week-ends. J’ai toujours considéré que c’était une réelle chance d’avoir grandi avec lui, une richesse de grandir avec une personne qui communique autrement : le regard, les rires partagés et qui pousse aussi à réfléchir (qu’est ce qui a pu provoquer cette « crise » ?). Je suis devenue infirmière puis psychomotricienne, et je sais que c’est cette sensibilité qui m’a amenée vers ce métier ; j’en suis très heureuse.
    A mon grand regret, la distance faisant, je ne vois plus mon frère que très rarement (1 à 2 fois par an), même si j’ai des nouvelles très régulièrement par mes parents, et que je lui envoie des cartes postales.
    J’ai maintenant 3 enfants et c’est ce pourquoi je viens poser une question importante pour moi. J’ai toujours eu du mal à accepter le regard négatif ou pire apeuré sur mon grand frère (comportements que je trouvais moi normal : comme lorsque débordé par la joie il se mettait à sauter ou faire de grands cris surprenant les non-habitués !).
    Mais à présent c’est mon fils aîné de 4ans 1/2 qui en a peur (de ses réactions, du fait qu’il pousse des sons graves.. il ne parle pas), j’essaye d’expliquer à mon fils simplement qu’il ne peut pas parler, que c’est sa manière de s’exprimer mais cela ne le rassure pas… au point où il me dit qu’il ne veut pas le voir, ou se met à l’imiter (ce qui me fait violence, j’ai du mal à répondre de manière adaptée). Quels conseils pourriez-vous me donner pour m’aider à rassurer mon fils, à expliquer simplement ce qu’est l’Autisme et faire en sorte que ces moments (Noël bientôt) se passent bien ? Merci à vous pour vos réponses.

    1. Bonjour Anne-Sophie,
      Votre récit avec votre frère est touchant et illustre la richesse unique que peut apporter la fratrie dans le contexte de l’autisme. Merci pour ce cadeau que vous nous faites ! Votre parcours en tant qu’infirmière et psychomotricienne témoigne de cette influence positive et de votre sensibilité profonde à ces sujets.
      Quant à votre fils aîné et son appréhension vis-à-vis de son oncle, il est tout à fait naturel, surtout à son âge, de ressentir une certaine inquiétude face à des comportements inhabituels. Pour l’aider à surmonter sa peur, une explication simple et adaptée à son âge sur l’autisme pourrait être un bon début. Lui expliquer que son oncle exprime sa joie et ses émotions d’une manière différente peut l’aider à comprendre et à accepter ces différences. Le sketchnote de l’article L’autisme n’est pas un gros mot peut être une première piste pour l’aider.
      Vous pourriez également créer des moments de partage entre eux, comme regarder ensemble un livre d’images ou écouter de la musique. Ces activités simples mais significatives peuvent rapprocher votre fils de son oncle et construire des ponts d’empathie et de compréhension.
      Par ailleurs, votre exemple dans la façon d’interagir avec votre frère jouera un rôle crucial pour votre fils. Même si cela ne se fait pas tout de suite. Les enfants apprennent beaucoup par imitation. Si votre fils commence à imiter son oncle, c’est vraiment l’occasion, il me semble, d’ouvrir une discussion et d’expliquer les raisons de ces comportements particuliers. Vous pouvez, si vous le souhaitez, lire avec lui mon article sur l’autisme et les copains. Même si la situation est différente car il s’agit de son oncle, cela peut l’aider à mieux comprendre le fonctionnement des personnes autistes. A 4 ans, il faudra certainement simplifier chacun des points abordés avec un vocabulaire plus accessible.
      Introduire des livres pour enfants qui abordent le sujet de l’autisme peut aussi être une belle manière de lui présenter cette singularité dans un langage qu’il peut comprendre et accepter.

      Enfin, il est important de valider les émotions de votre fils, de lui assurer qu’il est normal de se sentir dérouté, et de lui rappeler que vous êtes là pour en parler avec lui.
      Sa réaction vient chercher quelque chose en vous, cela peut également être l’occasion d’y réfléchir et de comprendre ce qui se joue à l’intérieur de vous et pourquoi ? Nos enfants sont là aussi pour nous faire grandir 🙂
      Je vous souhaite, à vous et à votre famille, de très beaux moments pour les fêtes à venir. La patience, l’empathie et une communication ouverte seront vos plus précieux alliés dans ce voyage. Avec toute ma bienveillance 💙

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